À 30 ans, Warda Boutayeb lâche son activité de kinésithérapeute pour reprendre des études en alternance chez Michelin, à Clermont-Ferrand et en école de management en entrepreneuriat et innovation.
Son objectif est de créer un tiers-lieu pour ses sœurs autistes et toutes les personnes concernées. Trois axes : autonomie, socialisation et insertion professionnelle.
« Je suis la grande sœur de deux jeunes femmes autistes de 28 ans et 21 ans. »
Warda Boutayeb, 30 ans, est kinésithérapeute dans le Puy-de-Dôme au début puis dans l’Allier aujourd’hui. Ses sœurs vivent dans la région parisienne avec ses parents.
Pendant des années, j’ai laissé ma mère gérer le casse-tête du suivi de mes sœurs. Je ne souhaitais pas prendre part à tout cela.
Lucide, elle avoue : « Je souhaitais profiter de ma liberté tant que mes parents étaient en vie pour s’occuper de mes sœurs. Lorsqu’ils ne seront plus là, ce sera à moi de m’occuper d’elles ».
Peu verbales, pouvant présenter des comportements inadaptés, ses sœurs ont en effet des difficultés à intégrer un établissement de travail protégé, « bien qu’elles aient une notification de la Maison départementale des personnes en situation de handicap. Je vois ma maman lionne épuisée par une lutte permanente depuis des années ».
Une semaine en immersion professionnelle
Alors l’été dernier, Warda Boutayeb accompagne pendant une semaine sa plus grande sœur lors d’un stage professionnel, dans un jardin maraîcher en milieu ordinaire, aux Jardins de cocagnes, à Arronnes, près de Vichy.
Elle arrête aussi son activité de kiné pour porter son projet de fonder un lieu « où les adultes avec autisme pourront continuer, grâce à un accompagnement personnalisé, leurs apprentissages socio-éducatifs, se former à l’emploi, que ce soit en milieu protégé ou ordinaire, faire des activités en commun avec des neurotypiques dans le cadre d’activités de loisirs, sportives ou culturelles ».
Un tiers-lieu
Autonomie, socialisation et insertion professionnelle sont les trois axes du projet dont la concrétisation devrait prendre la forme d’un tiers-lieu :
Je souhaite un lieu entre le Café joyeux et La goguette pour faire le pont entre deux univers : celui des autistes et celui des neurotypiques. On pourra se restaurer, se former. Il devrait se situer à Vichy.
Pour mettre tout cela sur pied, Warda Boutayeb a repris des études en école de management en entrepreneuriat et innovation, et en parallèle effectue en alternance en une orientation professionnelle chez Michelin au service relations humaines à Clermont-Ferrand.
Son projet vient d’être retenu pour rejoindre la promotion 2022 d’incubation de CoCoShaker. Elle est aussi lauréate du dispositif Auverboost d’Auvergne-Rhône-Alpes Orientation, qui accompagne et aide financièrement les jeunes porteurs de projet.
Et enfin, pour rencontrer les familles concernées et bien identifier les besoins, elle vient de prendre la présidence d’AVEC, une association de familles dans le Puy-de-Dôme, qui a pour objectif de favoriser l’accès aux loisirs des personnes avec autisme.
Je pourrai trouver des solutions pour mes sœurs et m’arrêter là. Mais je me suis aperçue que beaucoup de familles étaient dans mon cas.
Contact : lepont.contact@gmail.com
Cécile Bergougnoux
Lien de l’article La Montagne Entreprendre : https://www.lamontagne.fr/clermont-ferrand-63000/sante/elle-arrete-son-travail-de-kine-pour-creer-un-tiers-lieu-pour-ses-surs-autistes-a-vichy-allier_14160825